Le bienheureux Père Marie-Eugène de l’Enfant Jésus, carme fondateur de l’Institut Notre Dame de Vie à Venasque dans le Vaucluse, écrivait comme un cantique d’action de grâces : « Le monde attend le passage des saints. Là où les saints passent, Dieu passe avec eux. Soyez saints comme Dieu. »

Cette soif du monde pour la sainteté, la beauté et la bonté est tangible lorsqu’on lui présente la figure si éloquente de nos saints

Au retour de Lisieux où je reconduisais le reliquaire de la Petite Thérèse, je me disais que c’était vraiment l’expérience que nous avions vécu au cours de ces 15 derniers jours dans notre doyenné. Quelle étrange pratique que la vénération des reliques ? Ne viendrait-elle pas d’un autre âge ? Les saints nous enseignent et ils sont nos maîtres.

A l’école de Thérèse, nous avons appris à nous laisser faire par la miséricorde de ce Dieu qui s’est fait tout petit.

Si petit, qu’Il veut avoir recours à des médiations humaines pour manifester sa splendeur comme un diamant qui décomposerait le spectre lumineux en un arc en ciel.

Les Saints nous sont donnés par l’Église pour toucher notre cœur par la beauté de Dieu qui transparait à travers eux. C’est d’ailleurs le sens des auréoles dont nous les affublons. Ce disque lumineux est en réalité le halo qui émane de leur chair transfigurée par la gloire qui les traverse.

La beauté comme la sainteté est attractive. Dieu nous attire à lui par ses œuvres. Les saints sont ses plus belles réussites et le travail n’est pas achevé. Dieu attend encore de nous que nous le laissions terminer ce qu’Il a entrepris en nous. En nous mettant au contact des saints (et pas seulement de façon intellectuelle mais aussi de façon sensible, ce que permet la relique) nous manifestons notre désir de vivre dans leur compagnie.

Bien sûr, il se trouvera toujours des esprits forts et prétentieux pour prétendre que tout cela est ridicule et vain. Le monde n’aime pas la fragilité, il préfère la performance alors il se moque des petits, de leur foi et de leur joie simple. Le monde prétend que ces pratiques sont des vestiges d’un paganisme ou d’une idolâtrie. C’est balayer un peu vite la pratique permanente de l’Église tant en Orient qu’en Occident depuis l’Antiquité. Depuis les origines, on a conservé les précieux restes ou des objets ayant appartenu à ceux qui ont été reconnu dignes d’être honorés par Dieu à cause de leur rayonnement de charité.

L’Église a toujours célébré le Saint Sacrifice de la Messe sur le corps des saints comme en témoignent les innombrables églises construites sur leurs tombeaux ou encore leurs reliques présentes dans nos autels. En Orient, lors de la persécution soviétiques, lorsque les églises ont été fermées et les prêtres déportés dans les camps, on célébrait la Divine Liturgie sur le cœur d’un baptisé pour rappeler que le Salut se communique par la chair depuis le jour où Dieu s’est fait homme. Ainsi, la vénération des reliques manifeste la dimension réelle et non idéelle de notre foi. C’est manquer de réalisme que de le nier et c’est surtout se priver de la consolation sensible de la communion des saints.

Ces jours bénis où Sainte Thérèse a visité notre paroisse ont été comme une trace de lumière dans la grisaille de l’automne, ils ont été un signe puissant de l’amour bienveillant de Dieu pour son Église dans le sillage de la fête de la Toussaint et un appel à suivre résolument l’appel à la sainteté sans renoncer à notre grand désir sous prétexte qu’il semble impossible ou illusoire. La sainteté se communique par contact. Il n’y a qu’à observer d’ailleurs que bien souvent les saints vivent en grappe. La famille Martin en est un exemple probant : Louis et Zélie, Thérèse et bientôt Léonie. Dieu est bien passé dans cette famille de Normandie comme il peut passer dans les nôtres.

Merci à tous ceux qui ont permis que ces jours soient une fête avec la Sainte de Lisieux. Merci pour l’organisation, le secrétariat, les permanences, les fleurs, la musique… Notre Église rassemblée autour de Sainte Thérèse nous a donné à entrevoir un avant-goût de la joie du ciel.

Abbé Hervé GODIN, Curé