C’est de saison. Tout en pleurs, comme il convient pour une Madeleine, elle mouille de ses larmes le tombeau vide de Jésus sur lequel elle se penche. Des anges lui apparaissent, puis le Ressuscité. Et Marie-Madeleine, le prenant pour le jardinier – ou le gardien du jardin – le questionne … (Jn 20, 15). En effet, « à l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin un tombeau neuf… proche, et c’est là qu’ils avaient déposé Jésus » (Jn 19, 41). Nous pensons bien-sûr à l’Eden, le jardin idéal d’avant le péché, le verger où poussait l’arbre de vie, d’où Adam avait été chassé. Nous pensons au jardin des amours perdues d’Adam et d’Ève.
Et voici que le grain de blé, tombé en terre, a ensemencé à neuf ce jardin. Le grain est mort pour porter du fruit. Les parterres ont été arrosés des fleuves d’eau vives ayant coulé de son cœur. Et voici que Marie-Madeleine arrose à son tour de
ses pleurs la tombe du Nouvel Adam. « Femme, pourquoi pleures-tu ? » (Jn 20,15)
Nous aussi descendons dans le jardin. La vigne a souffert. Après toute la taille de l’hiver, cela donne vraiment envie de pleurer. Mais beaucoup aussi s’activent chez eux, dehors, et c’est probablement la plus saine des activités humaines. Et il m’est venu à l’idée que si le curé a récemment invité à sa table le jardinier du presbytère et son épouse, ce n’est pas sans une arrière-pensée biblique.
Malgré les incertitudes de l’actuelle politique hygiénique, en bagarre contre une vermine qui pourrit notre jardin commun, avec une petite équipe de jardiniers au sens large, nous avons le projet de célébrer bientôt les Rogations, comme c’est l’usage dans les 3 jours qui précèdent l’Ascension. De prier pour que la terre porte du fruit. Cela sera-t-il possible ? En tous cas cet éditorial tient lieu de faire-part d’invitation : « Viens ma toute-belle, viens dans mon jardin, l’hiver s’en est allé. »
Père Dominique REDOULEZ