Il se rappelle à nous, dans un bras de fer avec l’âme, en ces temps de ‘peste’ coronavirale. Blaise Pascal, grand philosophe,
est l’auteur de cette pensée : « L’homme n’est ni ange, ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. »

L’ange n’a pas de corps, il n’est qu’âme. La bête vit pour son corps, l’âme esclave de l’instinct. L’homme, lui, est âme éternelle incarnée dans un corps.

Les anges n’ont pas de problème avec le virus, a priori. Et les bêtes non plus, à en juger les poules du presbytère qui pondent comme jamais. L’homme, par contre, pourrait retrouver son unité profonde à l’épreuve de la crise actuelle.

Car il a beaucoup fait l’ange. Par exemple, en battant des ailes de l’aéronautique, bonne trouvaille en soi, en grande souffrance économique hélas, mais qui faisait tout de même peu de cas du poids de nos corps. Comme si nous pouvions être partout à la fois avec la même présence, par-dessus les distances, sans conséquences, tel l’ange. Nous ne vivons pas si facilement non plus, avec les anges, la virtualisation internet de la paroisse, à côté des réussites. Et comment le monde mondialisé vit-il d’ailleurs la révolution numérique ? Il y a, bien sûr, une tentation angélique dans la virtualisation de toute chose, qui, en dématérialisant, imite bien une spiritualisation du monde.

Attention : il ne s’agit pas de mettre à égalité républicaine l’âme et le corps. Car l’âme reste vraiment le pilote dans l’avion de notre corps. Notre corps, cependant, nous dicte un ordre de proximité dans la charité, selon une théologie ancienne, mais vraie jusqu’à preuve du contraire.

Être homme, à la fois chair et esprit, reste toujours un combat. Dieu se fait chair pour nous sauver, dans une crèche, entouré d’âne et bœuf, et survolé par le chant des anges. Pour autant, il ne s’est fait ni ange, ni âne. Et quand Jésus monte au ciel de l’Ascension, c’est pour que l’Esprit de la Pentecôte fasse connaissance avec notre humanité glorieusement incarnée.

Père Dominique REDOULEZ