« UNE CLOCHE SONNE, SONNE… »
Le 11 mai 1946, encouragée par le poète Jean Cocteau, la chanteuse française Edith Piaf, entourée des Compagnons de la Chanson, présentait au public une nouvelle version d’une chanson de Jean (Gilles) Villard, les Trois Cloches. Peut-être vous souvenez-vous de cette chanson qui raconte en trois strophes la vie d’un certain Jean-François Nico, dont l’existence est marquée par la sonnerie
des cloches de son village ? Le jour de son baptême, elles retentissent une première fois puis lors de son mariage et enfin, « obsédante et monotone », une dernière fois à l’occasion des funérailles du personnage de cette histoire.
Cette belle chanson nous rappelle le temps qui passe et la présence dans le temps des hommes des sonneries de cloches. Nous les entendons régulièrement au point parfois, de ne plus y faire attention. Ces dames de bronze qui habitent nos clochers rythment nos existences selon les trois grandes dimensions de l’existence humaine : elles sonnent pour les moments décisifs de notre vie (baptême, mariage, funérailles) rythmant ainsi le temps de nos histoires personnelles. Elles sonnent aussi pour annoncer les grands temps de l’année : Noël, Pâques et toutes les fêtes liturgiques. Elles sonnent enfin pour cadencer nos journées avec l’angélus (trois fois par jour) et la messe quotidienne. La vie, l’année et la journée… Trois dimensions de la vie humaine qui appartiennent à Dieu qui en est le Créateur et le Sauveur.
De même que les églises et les nombreux calvaires impriment la présence de Dieu dans notre
espace quotidien, les cloches marquent Sa Présence dans le temps. Espace et temps… Les deux coordonnées de la vie humaine sont rattachées ainsi à Dieu. Ce patrimoine sensoriel est inscrit, en France, par la loi au patrimoine immatériel et est ainsi protégé. Les sonneries religieuses et civiles de cloches sont donc absolument légales selon la loi française.
Au fait, savez-vous depuis combien de temps on les entend ? Leur origine chrétienne remonte au Vème siècle lorsqu’on demande aux églises de se doter de ce moyen d’appeler à la prière et que l’on codifie leur utilisation rituelle. C’est cependant au cours du Concile d’Aix en 801, que l’empereur Charlemagne les impose dans tout son empire. Depuis, elles rythment les destinées humaines avec parfois quelques éclipses rares (comme lors de la Révolution Française lorsqu’elles vont être fondues pour faire des canons et que les églises vont être fermées.)
A Vallet, depuis quelques semaines on ne les entend plus. En effet, le beffroi (c’est-à-dire la structure en bois qui les porte dans le clocher) était très abîmé. Elles ont donc été descendues du clocher pour que les travaux de consolidation et de restauration puissent être menés. C’est la municipalité, en charge de l’entretien matériel du bâtiment de l’église qui conduit ce chantier. Je remercie d’ailleurs Monsieur le maire et son équipe pour ce suivi des travaux.
Je vous invite à profiter de ce chantier qui durera jusqu’en décembre pour venir admirer nos cloches dans le déambulatoire de l’église et découvrir leur nom, leur poids et leur histoire grâce aux panneaux réalisées par Vallet mémoire. C’est une bonne occasion pour effectuer une visite en famille pour se ré-approprier ce patrimoine.
Abbé Hervé Godin, curé