Autrefois, au moment de l’échange des vœux, il était de coutume de se partager cette formule : « Bonne année, bonne santé et le paradis à la fin de vos jours. » Cette mention du paradis, loin d’être triste ou morbide promettait le meilleur à l’interlocuteur. On se donnait la possibilité d’ouvrir l’horizon et de connaître le moment venu la vie en plénitude. Quoi de plus beau pour un chrétien que de vivre dans l’espérance de la Béatitude. Saint Jean-Eude écrivait ainsi : « O ciel que tu es désirable ! C’est en toi qu’on aime Jésus parfaitement, c’est en toi que l’amour de Jésus règne pleinement ; c’est en toi qu’on ne voit point de cœurs qui ne soient tout transformés en ce divin amour. » Étrangement, nos vœux se sont transformés, désormais, il n’est pas rare d’entendre : « Bonne année, et la santé surtout ! »  Bien sûr, cette dernière est importante et je vous souhaite à tous de vivre en bonne santé comme nous le formulions dans la bénédiction solennelle du premier janvier.

Cependant, cette focalisation sur la santé est anxiogène. L’horizon s’est fermé, il faut désormais tenter de retenir à tout prix, cette vie qui s’échappe inexorablement. On veut par ailleurs cacher au maximum les signes de vieillesse et de déclin physique et psychologique, entrainant une surenchère dans la performance.

L’Église, au contraire du monde, a toujours eu le souci des personnes âgées et malades. Elle les porte dans sa prière. Nous aurons ainsi à cœur de prier spécialement pour elles lors du dimanche de la santé le 12 février prochain. Au cours de notre messe dominicale, ceux qui le souhaitent pourront recevoir le sacrement des malades qui traduit la tendresse de Dieu pour tous nos frères et sœurs souffrants.

L’Espérance chrétienne que l’Église annonce à temps et à contretemps nous fait désirer le paradis à la fin de nos jours. Cette foi dans la vie en plénitude, non seulement modifie notre vie post-mortem mais change aussi radicalement notre vie d’ici-bas. La foi dans la vie éternelle nous offre la possibilité de cultiver le bonheur et nous arrache à la peur de la mort. Dans son essai : Mort, où est ta victoire ? (Bayard 2016), le philosophe Nantais Denis Moreau montre ainsi que la foi chrétienne dans le salut est eupraxique au sens où elle conduit au bonheur celui qui l’adopte.

Croire au paradis à la fin de nos jours c’est donc ouvrir l’horizon, soulever la chape de plomb d’un monde de plus en plus anxiogène et vivre de la vertu chrétienne d’espérance. C’est le vœu que je fais pour chacun de vous cette année. Puissiez-vous vous laisser gagner par la joie libre et vivifiante de ceux qui traversent cette vie comme des voyageurs, heureux de vivre sans crainte.  Permettez-moi alors de vous le souhaiter : « Bonne année, bonne santé et le paradis à la fin de vos jours ! »        

Abbé Hervé Godin, curé de Saint-Vincent-des-vignes

 

voir la vidéo des voeux du curé pour l’année 2023 : https://youtu.be/5IUKK1axkls