illustration : « St Jean-Baptiste dans le désert » par José Leonardo

« Viens pour notre attente, ne tarde plus ! Pour notre délivrance, viens Seigneur Jésus ! »

 

Alors que commence dimanche le temps de l’Avent, une figure biblique fait son retour dans la liturgie, celle de Saint Jean-Baptiste, le Précurseur. Figure prophétique, voix qui annonce la Parole. Si lumineuse pour notre temps. Figure d’appel à la conversion et à l’engagement pour le monde. Je voudrais vous partager quelques lignes d’un très beau livre écrit par Dominique Ponnau, le directeur honoraire de l’école du Louvres : Jean-Baptiste, la gloire de l’effacement. (Éditions Salvator) :

 

« Le monde est en attente. Que va-t-il advenir ? L’angoisse du monde est palpable. Que sera l’avenir, le proche avenir ? L’Humanité a-t-elle un avenir ? La terre a-t-elle un avenir ? Quels monceaux de pierre, violemment, obstruent le ventre de Gaïa, prêts à le rompre ? Est-il gros de désastres ? L’est-il de nouveaux espoirs ? Qui ne sent que quelque chose se prépare ? D’énormes bouleversements ! A l’œuvre déjà, comme les premiers grondements du tonnerre avant le déluge !

Que présage ce temps ? Quelle voix se fait entendre dans ce brouhaha ? En est-on revenu à l’initial tohu-bohu ? L’Apocalypse est-elle pour demain ? Pullulent les faux prophètes qui l’annoncent. Cela ne la discrédite pas pour autant. Elle adviendra. Depuis les premiers instants du temps, elle ne cesse d’advenir. Quant à l’ultime instant, celui qui fermera les portes du temps, nul n’en connaît le moment, dit Jésus : ni les hommes, ni les anges, ni même le Fils. Seul le Père le connaît. Ne nous perdons pas en conjectures à ce sujet. (…)

Chaque époque du temps eut ses prophètes. L’avènement du Christ eut les siens. Toute la Bible retentit de leur incomparable chant. Le dernier d’entre eux, et pour les chrétiens le plus grand, mais le plus humble aussi, fut Jean. (…) 

Quand il surgit, le Peuple choisi, impatiemment attendait le Messie promis. Pour les chrétiens, Jean fut celui qui en Jésus le désigna. Alors advint une déflagration inouïe, à laquelle nulle autre se mesure : l’enfouissement de Dieu dans la chair mortelle de Jésus et en lui, la divinisation de toute chair.

Mais à nos yeux charnels, en deux mille ans, quel changement s’est-il produit ? Devant le monde comme il va, l’homme demeure perplexe. Plus que jamais sans doute. Devant la manière de Jésus, Jean le fut déjà. Le monde était alors en attente. Il l’est toujours. Il l’est plus que jamais. Qu’attend-il aujourd’hui notre monde affolé ? Est-ce le ventre de Gaïa qui va se rompre dans des cris d’enfer et de désespoir ? 

Et si c’étaient, dans les ultimes vagissements de la vieille terre épuisée, les premières douleurs de l’enfantement de la terre nouvelle ? Et si Jean, de sa voix criant de nouveau dans nos déserts assourdissants annonçait l’ultime Avent, l’ultime Avènement ? »

 

Dans ces quatre semaines qui nous préparent à célébrer le mystère de l’Incarnation, puissions-nous entendre à nouveaux frais, la Voix pleine d’espérance qui annonce l’avènement de la Parole, Jean qui nous désigne le Sauveur. Dans nos actes de charité et de solidarité que je vous invite à vivre de façon renouvelée pendant ce temps de l’Avent, et spécialement en direction des plus fragiles de notre société, soyons des porteurs d’espérance. Des témoins veilleurs du monde à venir, celui de la création nouvelle. 

Bon temps de l’Avent !

Abbé Hervé GODIN, curé.