Extrait de la première « conférence de Carême », donnée par le p.Guillaume de Menthière, à Paris chaque dimanche à 16h30  (rediffusions en direct sur KTO télévision et France Culture ; en différé à 19h45 sur Radio Notre Dame) 

 « Chacun s’en souvient, durant des mois en 2020, nous étions en guerre, étrange guerre où les héros étaient ceux qui restaient calfeutrés chez eux et n’en bougeaient plus. Les armes de ce combat étaient le canapé, le téléviseur et les pantoufles. Je me suis découvert héroïque, j’ai sauvé des vies par mon courageux farniente. L’oisiveté, autrefois mère de tous les vices, était devenue la vertu citoyenne par excellence. L’impératif était de ne pas visiter les voisins, de ne pas assister les mourants, de ne pas se réunir pour chanter Dieu.

 

Cette primauté absolue de la santé interroge. Une société qui considère la vie biologique comme le bien suprême peut-elle survivre longtemps ? Quel sens peut avoir le sacrifice de nos martyrs, de nos résistants, de nos patriotes qui sont morts pour Dieu, pour la France, ou pour la Liberté, si la santé et le bien-être doivent primer sur toute autre considération ? Le seul salut possible est-il de sauver sa peau ? Pourquoi serait-il indiscutable qu’il vaut mieux vivre deux ans isolé dans un EPADH que deux mois entouré de l’affection des siens ? Le fameux principe de précaution, inscrit désormais dans la Constitution, est-il cet empêchement de vivre vraiment pour ne pas risquer de mourir ?

Au moment du nouvel an, à l’issue d’une rave-party organisée en toute illégalité, un jeune teuffeur se posait des questions existentielles que ni l’alcool ni la drogue ni les décibels n’avaient suffi à résoudre. Le contrevenant déclarait fièrement à un gendarme impassible : « nous, nous sommes prêts à mourir pour pouvoir vivre ! » Cette improbable sentence souligne à quel point la crise sanitaire que nous traversons remet en avant des problématiques que l’on avait pu croire enfouies sous le consumérisme ambiant : qu’est-ce que vivre ? Est-ce que le but de la vie est de vivre ? Ne pas mourir est-ce la seule définition de la vie ?… » 

 

Il est bon de laisser résonner ces questions essentielles en ce temps de Carême qui nous prépare à célébrer, à Pâques, le salut véritable de notre humanité.

p.Stéphane

 Le père de Menthière, curé à Paris et théologien, est l’auteur de l’ouvrage « Quelle espérance d’être sauvé ? », qui est lu en petit groupe dans le parcours « Jésus sauveur », parmi les formations proposées sur notre paroisse (cf. Parcours catéchétique | Saint Vincent des Vignes). Vidéo et texte intégral de la conférence sur Texte de la conférence de carême de Notre-Dame de Paris du 21 février 2021 – Diocèse de Paris (catholique.fr)